Patrick Chauvel

Créé en 1999, le Point d’eau déménage aujourd’hui dans des locaux plus grands.       
Cela raconte quelque chose. Précisément l’état du monde. Les lieux tels que le Point d’Eau sont fondamentaux, sont des lieux d’alertes. Leur existence sauve des vies humaines, accompagne les plus démunis et recueille une parole qu’il nous faut entendre. Car elle s’adresse à nous pour demander notre aide, certes, mais aussi pour nous dire ce qui arrive autour de nous. Ce qui se rapproche. 

Soutenir le Point d’eau, c’est faire œuvre de conscience collective. C’est se mettre en ordre de marche pour se battre contre l’isolement et la violence qui en découle nécessairement. 

C’est réaffirmer que ce que nous avons de plus précieux est notre sécurité et nos valeurs morales. 

21, 22 et 27 mars 2024
Accueil et verre apéritif à 19h - Conférence à 19h30 - Buffet et moment d'échange avec Patrick Chauvel à l'issue de la conférence


Prix de la soirée: 100.- pour le Point d'Eau Lausanne

"Raconter la Guerre, Questionner la Paix"

Né le 7 avril 1949 à Paris, Patrick Chauvel est le fils de Jean-François Chauvel et Antonia Luciani, tous deux résistants pendant la seconde guerre mondiale, et le petit-fils de Jean Chauvel, ambassadeur de France.

Passionné par les récits de son père, journaliste, de son oncle Pierre Schoendoerffer, cinéaste et de leur ami Joseph Kessel, il décide, à 17 ans, de tenter lui aussi l'aventure du grand reportage. En 1967, il part en Israël muni d'un appareil photo pour la  « Guerre des Six Jours ». De retour à Paris, il découvre que la plupart de ses images sont ratées mais que son intérêt pour le journalisme n'est pas qu'un atavisme familial.

En 1968, il rejoint le Vietnam en pleine guerre. Du même âge que les soldats américains, il se fait accepter par les patrouilles de reconnaissance et les accompagne dans la jungle. Associated Press et Reuters achètent ses premières photos. En 1970, l’agence Sipa l'engage. Il couvre alors le conflit en Irlande du Nord, la guerre d'indépendance au Mozambique et continue de se rendre au Vietnam et au Cambodge, où la guerre contre les Khmers rouges fait rage. En 1974, blessé par un obus de mortier lors d'un assaut près de Phnom Penh, il est contraint de revenir en France.

En 1975, il entre à l'agence Sygma. Il photographie les guerres d'indépendance en Érythrée et en Angola et part au Liban où débute la guerre civile. Le journal américain Newsweek lui propose de devenir l'un de ses collaborateurs. En 1978, lors d'une offensive à Beyrouth, il est fait prisonnier par la Saiqa, groupe palestinien contrôlé par la Syrie. Accusé d'espionnage, il est interrogé pendant 38 jours et ne doit sa libération qu’à l'intervention de l'Ambassade de France qui rapporte la preuve de sa qualité de journaliste.

Il part ensuite au Zaïre et photographie les légionnaires du 2e Régiment Étranger de Parachutistes envoyés au secours des populations civiles à Kolwezi.

En 1979, il couvre les révolutions au Nicaragua et en Iran. Blessé par les Gardiens de la Révolution de Khomeiny à Tabriz, il est obligé de quitter le pays. Il retourne alors en Amérique centrale et photographie en 1980 l'exode de Mariel à Cuba puis la guerre civile au Salvador.

Présent lors de l'assassinat de l'archevêque Romero et du massacre commis lors de ses funérailles, il obtient le Prix Missouri de l’Université de journalisme américaine à Columbia.

De 1980 à 1985, il se rend en Corée du Sud pour le soulèvement de Gwangju puis retourne en Irlande, en Iran, au Liban et au Cambodge, où, prisonnier des Khmers rouges, il échappe de justesse à une exécution.

De 1986 à 1989, il photographie la guerre civile au Suriname, les violences en Colombie (où ses photos du massacre de l'Aéroport de Medellin obtiennent le Prix Kodak en 1988) et l'intervention américaine au Panama. Après avoir filmé les premières attaques contre Noriega, il est grièvement blessé par l'armée américaine. Après plusieurs mois de convalescence, il repart avec la police de New-York pour un reportage sur les violences urbaines avant d'embarquer et de faire naufrage avec les boat-people haïtiens qui fuient leur pays en 1991.

En 1992, il se rend au Pérou couvrir les attaques du Sentier Lumineux et « l'auto-coup d’état » du président Fujimori. Lorsqu’éclate la guerre en Yougoslavie, il rejoint Sarajevo où il couvre le conflit jusqu'en 1995 tout en réalisant d!autres reportages comme en Somalie en 1993, où il assiste au fiasco de « la Chute du Faucon Noir », où l'armée américaine perd deux hélicoptères abattus par les insurgés.

En décembre 1995 il est en Tchétchénie et couvre l'offensive russe. Ses reportages remportent le World Press et le Prix du Scoop d'Angers en 1996. Cette année-là, il quitte l'agence Sygma

et décide de se consacrer au documentaire. Il réalise alors de nombreux films sur des sujets tels que la violence faite aux femmes en Algérie, le conflit israélo-palestinien, les traumatismes des enfants tchétchènes, le désarroi des artistes irakiens, la guerre en Afghanistan, les Talibans au Pakistan...

En 1999, il réalise avec Antoine Novat « Rapporteurs de Guerre » où il interroge ses confrères sur les raisons de leur engagement dans ce métier. Passé à l’écriture au début des années 2000, il raconte ce qu'est pour lui cet engagement, dans un récit intitulé « Rapporteur de Guerre ». En 2005, il publie «Sky », roman sur la guerre du Vietnam et en 2012, « Les Pompes de Ricardo Jésus », nouveau récit tiré de ses reportages. Invité à présider le Festival des correspondants de guerre de Bayeux en 2009, il présente une exposition de photographies superposant images de guerre et monde de la paix intitulée « Guerre-ici », destinée à alerter les sociétés occidentales sur la proximité des guerres bien souvent vues comme lointaines. En 2010, il collabore au projet «Condition One», nouvelle forme d'immersion visuelle avec des caméras filmant à 180 degrés. Il couvre ainsi les combats des indépendantistes dans le Sud-Thaïlande, le Printemps arabe en Egypte et en Libye et la guerre en Afghanistan.

A partir de 2013 il décide de revenir sur des lieux de guerre désormais en paix. C'est le projet « Ceux du nord » au Vietnam et le film « Le Siège » réalisé avec Rémy Ourdan à Sarajevo.

En 2014, il crée le Fonds Patrick Chauvel destiné à rassembler l'ensemble de son travail et servir de base à une réflexion sur le métier de reporter de guerre via des conférences et des workshops.

En 2016-2017, il couvre la bataille de Mossoul en Irak avec son fils Antoine Chauvel, également devenu photographe. En 2019, il se rend en Ukraine photographier les tranchées


dans le Donbass et en Syrie, où ses images des combats contre l'Etat islamique obtiennent le Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre.

En 2020, le Fonds Patrick Chauvel ouvre au Mémorial de Caen. Plus de 380 000 images et 1000 heures de vidéos y sont rassemblées. Une exposition permanente dédiée à son travail est ouverte au public.

En 2021, Le reporter se rend en Afghanistan photographier et filmer l’arrivée des Talibans au pouvoir. En 2022, il est en Ukraine lorsque la ville de Kiev est attaquée. Il y fera près de dizaines de reportages ainsi qu’un film avec Reporters sans frontières sur l’exécution par l’armée russe d’un journaliste ukrainien, ami de Patrick, Mais Levin.

En 2023, il est en Israël pour couvrir les suites du massacre par le Hamas dans les kibboutz proches de la frontière de Gaza.

A ce jour, Patrick Chauvel continue de faire son métier de journaliste à travers la photographie, les films et les écrits.

Réservation obligatoire - Nombre de places limité

les recettes de ces soirées de soutien seront reversées au Point d'eau